Laduma Ngxokolo conçoit des collections haut de gamme en maille célébrant l’esthétique xhosa, ethnie d’où était issu Nelson Mandela.
Par Brune
C’est au cœur de l’Église américaine de Paris, première église américaine établie dès 1814 en dehors des États-Unis, que le couturier sud-africain Laduma Ngxokolo, à la tête de la marque Maxhosa Africa, a dévoilé sa collection printemps-été 2025. Né en 1986 à Port Elizabeth, ville désormais appelée Gqeberha et située sur la côte sud-est de l’Afrique du Sud, dans la province du Cap-Oriental, Laduma est entré dans le monde du textile grâce à sa mère, tricoteuse professionnelle. Après ses études, il fonde ensuite sa propre maison, Maxhosa Africa, pour apporter des solutions de conception de tricots destinées aux Amakrwala.
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Ce nom fait référence aux jeunes hommes Xhosa qui viennent de terminer leur rite d’initiation traditionnel, appelé ulwaluko. Cette période marque la transition de l’adolescence à l’âge adulte chez les Xhosa, l’un des principaux groupes ethniques en Afrique du Sud. Après avoir subi la circoncision traditionnelle et participé à des enseignements sur la vie adulte, les initiés retournent dans leur communauté en tant qu’adultes responsables, portant désormais le titre d’ « Amakrwala », ce qui signifie « nouveaux hommes » ou « jeunes adultes ». Pendant cette période, ils doivent adopter un comportement exemplaire et porter des vêtements spécifiques symbolisant leur nouveau statut d’hommes dans leur société.
La première vision du créateur était de créer une collection de tricots modernes d’inspiration Xhosa qui conviendrait à ce marché. Lui-même ancien Amakrwala, Laduma a imaginé des tricots haut de gamme célébrant l’esthétique traditionnelle Xhosa, ethnie d’où était d’ailleurs issu Nelson Mandela.
Une boutique à New York
Laduma Ngxokolo ne fait pas les choses comme les autres, et pour cause : il est l’un des rares créateurs du continent africain à travailler la maille, une technique complexe qui demande un outillage professionnel et une technicité bien maîtrisée. Il vient d’ouvrir sa boutique à New York et, surtout, il est le seul créateur africain basé en Afrique à être intégré au calendrier officiel de la Fashion Week de Paris 2024.
Maître de la maille, il se distingue par son approche technique exigeante et sa maîtrise des imprimés exclusifs. Ses créations, rehaussées d’accessoires sud-africains, reflètent un style urbain et chic, confirmant ainsi son empreinte unique sur la scène internationale.
L’Afrique dans le calendrier mondial de la mode
« Être le seul créateur africain au calendrier officiel de la Fashion Week Paris 2024 exerce plus de pression sur nous, a-t-il confié à Brune. Nous ne souhaitons pas que cela continue dans les années à venir, car nous croyons que l’Afrique est un continent immense. En fait, ce n’est pas une croyance, c’est un fait. L’Afrique est un continent vaste, avec de nombreuses marques et créateurs talentueux qui attendent d’avoir cette opportunité. Certes, les infrastructures ne sont pas complètement développées, tout comme les opportunités et les plateformes. J’aimerais donc créer ces plateformes et infrastructures pour eux, afin de leur servir de pont pour accéder à ces opportunités. Avec tant de richesses culturelles, beaucoup de choses sont possibles. Ce n’est pas que chaque créateur doit venir exposer à Paris. Un jour, j’aimerais voir l’Afrique figurer dans le calendrier mondial de la mode, avec Johannesburg comme point d’ancrage. Je suis fier de ma ville car je l’aime profondément. Johannesburg a tout : des hôtels, des lieux tendance pour des défilés, une grande hospitalité. Mais, le problème, c’est que c’est loin. New York est aussi loin, tout comme le Japon. Nous devons concentrer nos forces, les mettre dans un même panier et attirer le monde entier pour qu’il vienne assister à nos défilés en Afrique du Sud, qui ferait alors partie du calendrier international. Peut-être pourrions-nous être la dernière étape du calendrier, car c’est New York qui ouvre la saison, puis Londres, Milan et Paris. Le Japon ou la Chine devraient y figurer officiellement, et enfin l’Afrique, car c’est là que tout a commencé et c’est là que tout se terminera », a expliqué Laduma Ngxokolo, avec ce sourire qui le quitte rarement.


