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Le défrisage brésilien, un danger pour la santé

Le lissage brésilien promet des cheveux raides et fins, mais à quel prix pour notre santé ?

Par Brune

Depuis des décennies, les transformations chimiques des cheveux, en particulier pour les femmes afrodescendantes, soulèvent des préoccupations. Parmi ces techniques, le défrisage brésilien s’est imposé comme une solution “miracle” pour obtenir des cheveux lisses et soyeux. Mais derrière cette promesse esthétique se cache un danger pour la santé, trop souvent sous-estimé.

Une longue histoire de lissage chimique

Le défrisage, sous toutes ses formes, n’est pas nouveau. Dès le début du XXe siècle, des produits chimiques ont été commercialisés pour “dompter” les cheveux crépus, répondant à une pression sociale imposée par les canons de beauté occidentaux. Dans un monde où il fallait se conformer à l’image dominante, les cheveux bouclés ou crépus étaient perçus comme moins attirants. Aux États-Unis, notamment, le cinéma, la musique, et la mode ont contribué à renforcer cette norme.

Le défrisage chimique dit « à froid » a été adopté par des générations de femmes afrodescendantes, souvent au détriment de leur santé capillaire. Chutes de cheveux, brûlures du cuir chevelu et cassures sont devenues des problèmes récurrents pour celles qui utilisaient ces produits issus des laboratoires occidentaux.

Les kits de défrisage à domicile : une fausse économie

Dans les années 1990, pour augmenter leurs parts de marché, les grands groupes cosmétiques ont lancé des kits de défrisage à domicile. Ces formats, moins coûteux, ont été massivement promus dans les médias, visant même les petites filles avec des publicités promettant des cheveux lisses et soyeux. Malheureusement, sans l’expertise d’une coiffeuse professionnelle, ces produits se sont révélés encore plus dangereux que ceux employés dans les salons.

Les conséquences ne se sont pas faites attendre : l’utilisation de ces défrisants a entraîné une puberté précoce chez certaines  fillettes, avec des signes de dérèglements hormonaux dès l’âge de 8 ou 9 ans. Aux États-Unis, certaines alertes ont été lancées, mais dans de nombreux pays africains ou aux Antilles et en Europe, les autorités sanitaires sont restées silencieuses à ce sujet.

L’émergence des lissages « plus sûrs » : une illusion ?

Face au déclin progressif des défrisants classiques et avec l’émergence du mouvement nappy, prônant l’acceptation du cheveu naturel, l’industrie cosmétique s’est adaptée en proposant de nouvelles techniques de lissage, jugées plus « sûres ». Parmi celles-ci, on retrouve les lissages japonais, indiens, au tanin, et surtout le lissage brésilien.

Le lissage brésilien est rapidement devenu populaire grâce à sa capacité à lisser tout type de cheveu, même les plus crépus, tout en promettant de nourrir et de protéger la fibre capillaire. Cependant, derrière cette technique souvent plus coûteuse, se cachent des produits à base de formaldéhyde, une substance classée cancérigène par de nombreuses agences de santé. Le formaldéhyde, libéré sous forme de gaz lors de l’application du lissage, peut provoquer des problèmes respiratoires, des réactions cutanées et, à long terme, augmenter les risques de cancers.

Quels risques pour la santé ?

Les dangers des lissages brésiliens sont aujourd’hui mieux connus. Des études ont montré que l’exposition répétée aux produits chimiques présents dans ces traitements pouvait entraîner des problèmes respiratoires graves, des irritations cutanées, et même des perturbations hormonales similaires à celles observées avec les défrisants à froid. De plus, l’utilisation régulière de ces produits affaiblit la structure du cheveu, le rendant plus vulnérable aux cassures. Une récente alerte de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) met en garde contre les dangers du lissage brésilien contenant de l’acide glyoxylique. Quatre cas d’insuffisance rénale aiguë ont été signalés en 2024, nécessitant des hospitalisations et, dans certains cas, des dialyses. Ces produits, très populaires dans les salons de coiffure, peuvent provoquer des dommages graves aux reins par inhalation ou absorption prolongée des substances chimiques. L’ANSES recommande fortement d’éviter leur utilisation.

Malgré ces avertissements, de nombreuses femmes, souvent jeunes, continuent de se tourner vers ces techniques, souvent par manque d’information ou pour se conformer à des normes esthétiques occidentales toujours imposantes.

Un appel à la vigilance

Aujourd’hui, il est essentiel de rappeler que toutes les transformations chimiques des cheveux présentent des risques pour la santé, à court ou à long terme. Les femmes doivent être informées des dangers associés à ces pratiques et encouragées à accepter et à célébrer leurs cheveux naturels.  La beauté ne doit jamais être obtenue au prix de sa santé.

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