Tomilola Adejana, la fintech inclusive

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Tomilola Adejana a fondé Bankly au Nigeria, un service financier destiné à la centaine de millions d’exclus du système bancaire traditionnel du pays.

Première économie d’Afrique et pays le plus peuplé du continent avec quelque 200 millions d’habitants, le Nigeria ne cesse de surprendre par l’inventivité et la résilience de ses citoyens. Malgré un taux de bancarisation compris entre 40 et 50 % en 2017, de bons chiffres par rapport à nombre des pays voisins, près de 100 millions de Nigérians sont exclus du système bancaire. Dans Onitsha Market, immense marché de Lagos grouillant de monde dès l’aube, les nairas volent de main en main, avec une rapidité consternante. Et pour les gros achats, les vendeuses acceptent docilement les règlements par mobile banking. Avec ce parc de 169 millions d’usagers de smartphones et autres portables, les opérateurs téléphoniques ont compris qu’il y avait là un service à offrir et une manne financière à en tirer. Une forme d’inclusion financière qui donne à l’immense et dynamique secteur informel, un sentiment de sécurité mais sans l’accès à l’épargne, ni au crédit.

Pour pallier à ces inconvénients qui freinent l’expansion économique des micro-entreprises et d’une frange importante de la population, en 2019, Tomilola Adejana a ouvert Bankly, avec son partenaire Fredrick Adams. Il s’agit d’un établissement financier en ligne qui s’adresse aux TPE (Très petites entreprises) et aux personnes travaillant dans le secteur informel, leur offrant une voie plus sûre vers l’épargne.

Ancienne gestionnaire d’investissements chez Meristem à Lagos, après une incursion dans le domaine des technologies financières grâce à son travail post-MBA d’analyste de recherche à Dubaï, en Australie et à Singapour en 2015, Tomilola Adejana a acquis une solide expérience en la matière.

« Je me suis toujours demandé pourquoi l’inclusion financière était un problème, surtout dans un pays où il existe un vaste réseau de distribution de biens de consommation à rotation rapide. Si l’alcool et les cigarettes peuvent être facilement disponibles, même dans l’extrême nord du Nigeria, pourquoi est-il si difficile pour les services financiers d’atteindre les clients installés dans ces régions ? », questionne-t-elle. Avec le système existant du mobile banking de base, il n’y a pas de données pour protéger les épargnants, ni d’aide pour établir un profil de crédit.

Les artisans, les commerçants et les agriculteurs qui constituent le gros du secteur informel, s’appuient habituellement sur un système bancaire appelé « ajo » dans l’Ouest, « adache » dans le Nord et « esusu » dans l’Est, et dans lequel un agent collecte chaque jour leurs fonds en espèces. Une accessibilité qui rend l’offre populaire malgré un suivi minimal et une sécurité limitée, puisqu’il arrive fréquemment que les agents collecteurs prennent la poudre d’escampette avec les sommes reçues !

Depuis juillet 2019, Bankly a conquis plus de 32 000 personnes, numérisé et protégé plus de 10 millions de dollars américains ; 13 250 femmes ont pu accéder au crédit et à l’épargne numérique. Et autres résultats appréciables, ce service a induit une baisse de la pauvreté et réduit davantage l’écart d’inégalité des sexes. Brankly compte 2 100 agents répartis dans 29 des 36 États du Nigeria et pense en recruter 15 000 à 20 000 dans les mois prochains.

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