Valeriya Biyen Génération active et proactive

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Burkinabè-ukrainienne, cheffe d’entreprises visionnaire investie dans les médias, la mode et l’agriculture, Valeriya Biyen propose une nouvelle approche des affaires, de la coopération et du développement. Bingo! à 25 ans, elle cartonne.

Valeriya Biyen est une habituée du grand écart, non pas qu’elle soit une danseuse classique, bien que le Ballet national d’Ukraine soit une troupe prestigieuse, mais la toute jeune entrepreneuse appartient à la race de ce qu’on appelle des citoyens du monde. Un jour, elle honore un rendez-vous à Kiev, capitale de l’Ukraine, puis le lendemain, à 740 km de là, elle va embrasser ses amis à Donetsk, ville en guerre depuis 2014, mais où elle a vu le jour vingt-cinq ans plus tôt et où elle a passé son adolescence. Et grande voyageuse, la voilà dans un avion pour avaler les 8580 km qui séparent son premier pays l’Ukraine de son second, le Burkina Faso.

Ces périples, elle les effectue près de six fois dans l’année avec, selon son point de départ, un manteau pour supporter les rudesses d’un climat continental tempéré où le baromètre descend à -15 °C l’hiver. Toutefois, en plein été, elle est obligée de changer son port vestimentaire, avec le mercure qui frise les 35 °C à l’ombre, ce qui lui rappelle les heures fraîches de Ouagadougou, la Sahélienne.

Mais toutes ces questions météorologiques, Valeriya Biyen les balaie du revers d’une main fine et déterminée. Et quand cette interview a lieu, elle conduit sa voiture dans Kiev enneigée, peu surprise par la chaussée floconneuse et glissante. Ces préoccupations ne figurent pas dans la feuille de route de cette diplômée en droit de l’environnement qui, à cause de la guerre du Donbass, qui sévissait à Donetsk, a dû partir à Londres, en 2013, puis à New York, en 2014, pour se poser finalement à Kiev.

Elle a 9 ans lorsqu’elle séjourne pour la première fois au Burkina Faso, lors du voyage retour de son père au pays natal. Depuis, bon sang ne saurait mentir, le « Pays des Hommes intègres » coule dans ses veines et irise sa créativité. « Mon esprit est vraiment au Burkina Faso, je m’y investis beaucoup culturellement et professionnellement. Mes amis d’enfance, mes relations demeurent en Ukraine, mais tout ce qui m’attire et me stimule, aujourd’hui, se trouve au Burkina Faso. »

Sa vie professionnelle débute dans le monde des médias avec la chaîne de télévision Burkina Info. Puis, la jeune femme aux pommettes saillantes crée la marque 226 (indicatif téléphonique du pays) qui tient beaucoup plus d’un engagement sociétal que d’une entreprise de mode lambda. Sensible au chômage des jeunes, et impressionnée par son père, un sémillant homme d’affaires, visionnaire et bâtisseur qui a fait des entreprises à haute intensité de main-d’œuvre son mantra pour réduire le non-emploi, Valeriya Biyen conçoit ses projets à fort impact sociétal.

La manager, façonnée par ce précepte qu’il n’y a de richesses que dans le partage, et à l’heure où beaucoup de ses semblables trouvent un refuge de bon aloi dans un égoïsme confortable, renforce ses acquis en donnant des clés à ceux qui en sont dépourvus. « 226 n’a pas été conçue pour gagner de l’argent, car les marges sont trop petites ici, mais pour bâtir une communauté autour de valeurs bien précises qui sont la volonté de s’en sortir par soi-même, la solidarité, le respect, la formation. Nous sommes en train de construire une communauté de jeunes de 14 à 20 ans et nous avons commencé par la mode afin de prouver qu’une marque de qualité peut naître dans notre pays. 226 se définit par un style soigné et le respect de nos racines. Nous produisons des vêtements de qualité qui utilisent les symboles de notre pays afin de promouvoir l’idée de patriotisme et de faire connaître notre culture au-delà de nos frontières. Une équipe de base de huit personnes travaille pour nous quotidiennement, mais nous avons un groupe très actif qui nous aide quand la situation nécessite plus de main-d’œuvre. La seconde étape pour 226 est d’offrir aux jeunes des outils pour se former. Nous voulons les motiver et les appuyer en fonction de leur domaine de prédilection, puis mettre à leur disposition ce qu’il faut pour exceller ensuite dans leur secteur », assure Valeriya Biyen avec une forte maturité et une profonde conviction.

Attristée par la fuite des cerveaux et par l’importance de l’émigration chez ses compatriotes, même si le Burkina Faso est moins en butte à ce phénomène d’exode que ses voisins, elle veut inciter les immigrés à rentrer au bercail pour combler le manque de diplômés, de techniciens et de compétences en général qui font cruellement défaut. « Nous voulons amener les étudiants à revenir au Burkina, expose-t-elle avec l’assurance de la leader qu’elle est déjà. J’aimerais partager avec eux différentes approches et techniques. Il ne faut pas oublier que durant la guerre froide, les pays d’Europe de l’Est ont formé nombre d’étudiants africains dans des domaines aussi variés que la médecine, les sciences et l’agriculture. Nous pouvons tous apprendre les uns des autres et les pays de l’Est ont une bonne compréhension des problèmes de développement. J’ai le privilège d’avoir été élevée dans deux cultures, slave et africaine, et j’ai vécu dans des pays anglo-saxons. Et je remarque qu’il y a des expériences réalisées avec succès dans les pays de l’Est qui peuvent être testées, puis dupliquées au Burkina Faso. »

Autre domaine qui la captive, l’agriculture. Partant du constat que la Côte d’Ivoire voisine doit une partie de sa richesse à ses plantations de cacao qui font d’elle le premier producteur mondial de cet or vert, et que dans la grande majorité des cas, les cultivateurs, planteurs et ouvriers agricoles sont burkinabè, elle a décidé d’investir dans ce secteur pays. « Mes partenaires et moi avons déjà des champs expérimentaux et nous essayons différentes solutions pour améliorer la qualité de nos sols. Au cours de mes nombreux voyages à l’étranger, je cherche toujours à voir comment appliquer des solutions qui pourraient fonctionner également au Burkina Faso pour son développement global. Nous pouvons ainsi apporter de la technologie, des méthodes déjà approuvées pour contribuer au bien-être des populations. C’est un processus global qui prend en compte l’humain, l’environnement, des besoins en développement et l’urgence des actions à mener. »

En entrepreneuse aguerrie, Valeriya Biyen a tissé un réseau international qu’elle sollicite en cas de besoin. Ainsi, pour fertiliser les sols de ses plantations, elle a évoqué le sujet avec un ami du Qatar, pays aride comme le Burkina Faso, qui lui a conseillé des fertilisants bio pour implémenter la terre.

Très active lorsqu’il s’agit de s’engager en Afrique, elle a participé en 2019 au Sommet Russie-Afrique qui s’est tenu dans la ville de Sotchi et auquel 47 chefs d’État et de gouvernement africains ont assisté. Membre de l’organisation non gouvernementale Russian African Business Initiative, la jeune polyglotte s’est fait remarquer par son enthousiasme et son charisme immense, la fluidité de son expression et sa perception d’un développement gagnant-gagnant. Valeriya Biyen appartient à cette génération engagée et proactive qui trace un chemin pour le plus grand nombre, en ayant conscience des défis présents et à venir, prête à prendre des risques, à tomber et à se relever mille fois. Rendez-vous en haut de l’affiche.

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