Vèna Arielle Ahouansou La santé en mode QR

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Fondatrice au Bénin de la start-up Kea Medicals, la docteure Vèna Arielle Ahouansou vise à connecter tous les systèmes de santé de son pays, pour accélérer la prise en charge des malades.

Un soir de 2016, au Bénin, une jeune femme prénommée Charlotte a mis au monde des jumeaux. Lors de l’accouchement, une hémorragie s’est déclarée, nécessitant une transfusion sanguine d’urgence. Malheureusement, bien qu’elle se soit trouvée dans un hôpital moderne de banlieue et qu’elle ait subi une recherche de groupe sanguin pendant sa grossesse, les résultats de ses tests ont été inaccessibles aux médecins pendant l’accouchement. Ils se sont battus pendant dix minutes pour déterminer son groupe sanguin, un temps trop long pour Charlotte. Elle est morte avant d’avoir pu recevoir cette transfusion.

Interne sixième année de médecine, Vèna Arielle Ahouansou est profondément choquée par cette tragédie qui a mis en lumière les conséquences dramatiques des lacunes dans l’information des patients. Elle convainc alors son compagnon, ingénieur informaticien, de créer un logiciel de gestion des données médicales pour les rendre immédiatement accessibles. C’est ainsi que voit le jour, en janvier 2017, la startup KEA Medicals Pharmaceutics & Technologies, qui propose des solutions technologies pour la gestion des hôpitaux et des cliniques. KEA fournit des applications mobiles et Web afin de faciliter et d’accélérer le système de soins de santé dans les hôpitaux et les cliniques par le biais de sa plate-forme de gestion du dossier électronique du patient.

Kea Medicals vise à connecter tous les systèmes de santé du pays, par le biais d’une base de données unique, afin que tout médecin de n’importe quel hôpital puisse accéder immédiatement aux données sanitaires vitales, précise Vèna Arielle Ahouansou. Le principe est aisé et totalement sécurisé. Le patient crée son compte IMU [Identité médicale universelle, NDLR] sur notre plate-forme aussi simplement qu’un compte Facebook ou Gmail, en fournissant des informations de base comme l’identité, les allergies connues, les maladies chroniques, le groupe sanguin, le numéro d’un proche à contacter en cas d’urgence, etc. Après l’enregistrement, la personne reçoit son code d’identification IMU qui est un code QR. Nous imprimons Fondatrice au Bénin de la start-up Kea Medicals, la docteure Vèna Arielle Ahouansou vise à connecter tous les systèmes de santé de son pays, pour accélérer la prise en charge des malades. FORTUNE MAKOSSO Vèna Arielle Ahouansou La santé en mode QR « J’ai découvert qu’en faisant une petite chose, on peut contribuer à améliorer la vie de millions de personnes », précise Vèna Arielle Ahouansou. Kea, sa plate-forme de santé électronique, est en train de métamorphoser le quotidien des Béninois. sur différents supports (bracelets, patchs ou cartes) ce précieux sésame avec le nom du patient et le numéro d’urgence Ainsi, une fois que la personne se rend dans n’importe quel hôpital, le médecin scanne simplement son code QR pour remonter à l’historique médical afin de lui administrer des soins adéquats. Même quand le patient est inconscient, avec son bracelet IMU, le médecin peut l’identifier et agir rapidement. En outre, le dossier électronique connecté à l’assurance maladie du patient facilite la traçabilité des rapports de soins aux sociétés d’assurance maladie, facilitant ainsi le remboursement aux hôpitaux. »

Le manque d’accès aux données sur la santé affecte toute la chaîne de valeur. Dans le pire des cas, le patient peut mourir. En plus, les médecins perdent un temps précieux et le personnel hospitalier gaspille des minutes qui se transforment en heures à rechercher manuellement dans les systèmes d’enregistrement – un surcoût financier pour les hôpitaux. De surcroît, les assureurs et mutuelles de santé peuvent utiliser Kea Medicals pour lutter contre le gaspillage et la fraude ; par exemple, un patient malveillant qui se ferait soigner dans différents hôpitaux pour la même affection ou pour obtenir des médicaments à vendre au marché noir serait ainsi neutralisé.

Depuis 2017, l’application Kea a touché 115 000 patients, 62 établissements de santé et 1 700 travailleurs de la santé, et prévoit de s’étendre à d’autres pays africains et, à terme, au monde entier. Elle a été récompensée à maintes reprises, en 2017 lors du forum Women in Africa, à Marrakech, au Maroc, en 2018 par le prix Projet Afrique Future In Africa et en 2020 par le Cartier Women’s Initiative Awards.

La docteure Vèna Arielle Ahouansou a depuis abandonné la pratique médicale pour se consacrer à 100 % à sa start-up avec une équipe de quinze salariés. Elle considère les solutions initiales de KEA comme la première étape de sa mission pour créer un système de santé équitable qui donnerait à chacun l’accès à des soins de qualité. « J’ai découvert qu’en faisant une petite chose, on peut contribuer à améliorer la vie de millions de personnes », confie-t-elle. Et si elle peut éviter qu’un seul enfant perde sa mère, elle aura respecté le serment de sa vie

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